« Il appartient aux responsables politiques de ne pas valider les thèses qui fragilisent la démocratie »


Il existe un sous-entendu dans le débat public qui plane comme une ombre noire sur sa psyché : les décisions et les prises de position de la majorité présidentielle – singulièrement celles du président lui-même – ne font pas l’objet de critiques en soi, mais sur la base d’un fondement caché. Cet ailleurs s’apparente à un nouveau complotisme qui ne dit jamais son nom.

Pour quelle raison Emmanuel Macron s’acharne-t-il à réformer notre système de retraite en dépit des enquêtes d’opinion ? Pourquoi la majorité présidentielle défend-elle la réforme de la fiscalité du patrimoine qu’il est bien plus simple de pourfendre à première vue ? Pourquoi continuer à défendre les traités européens alors qu’il est si facile de ne pas parler d’Europe ? Pourquoi s’afficher en Chine avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et financer la défense de l’Ukraine au risque de se voir accusé d’être « le petit télégraphiste de l’OTAN et de l’UE », comme le prétend Marine Le Pen ?

La réponse est, au fond, toujours la même, bien qu’elle revête différents oripeaux : pour faire des cadeaux aux puissants ou bien pour assouvir la soif de « pognon de dingue » des grandes entreprises – si possible pétrolières et multinationales. Bref, l’élan réformateur macronien trouverait sa source dans un remake du mythe odieux des « deux cents familles », auquel le député Hadrien Clouet (LFI) de Haute-Garonne a fait référence lors des débats budgétaires à l’Assemblée nationale, en octobre 2022.

Bien entendu, on peut s’opposer de bonne foi au report de l’âge légal de départ à la retraite ou bien à la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune en y opposant des arguments rationnels. Mais tel n’est pas le cas de ceux qui jettent le doute sur l’intentionnalité elle-même des décideurs publics, au passage légitimés par le suffrage universel. Et c’est précisément pour que l’on puisse continuer à s’opposer de bonne foi à une décision politique qu’il convient de dénoncer sans relâche ces fantasmes dont est particulièrement victime le président Macron en raison de sa jeunesse et de ses succès politiques, économiques et sociaux. S’opposer à la majorité ne fait pas de soi un complotiste, mais instiller le doute ad hominem sur ses intentions cachées en rend complice.

Iconographie antisémite

Après tout, si Emmanuel Macron gouverne « contre le peuple », comme le prétendent ses opposants, en faveur de qui gouverne-t-il ? Des « puissants », des « mondialistes » ? De « ceux qui y ont intérêt » ?

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